Dans la Région Hauts-de-France, la Croix-Rouge française emploie plus de 1 000 salariés, essentiellement aides-soignants, infirmiers et aides médico-psychologiques. Référente handicap et responsable des ressources humaines au sein de cette délégation, Julie Azevedo Pereira coordonne l’équipe de gestionnaires RH de chacune des structures et mène des actions de prévention et de sensibilisation. Deux missions complémentaires qu’elle accomplit avec passion.
Je trouve que cette double casquette est pertinente. Le handicap, on y est forcément sensibilisé quand on travaille dans les ressources humaines. Mon poste de responsable RH me donne les moyens de travailler en co-construction avec les élus et le CHSCT, d’accompagner les salariés, de mener des actions de prévention.
Mon rôle de référente handicap élargit mon champ d’action. Je peux me permettre de contacter des salariés en longue absence et les salariés savent qu’ils peuvent me contacter directement si besoin. Ces deux rôles se complètent bien.
C’est difficile à expliquer, mais ce sujet me tient particulièrement à cœur, c’est une histoire de vie. J’aime accompagner les salariés au plus près, les aider quand ils sont confrontés à des moments difficiles. Je considère que c’est une mission à part entière de mon travail.
Nous réfléchissions déjà, avec la Croix-Rouge nationale, à ces questions. Quand l’appel à projets a été lancé, nous avions deux salariés pour qui il fallait trouver des solutions rapidement. Cet appel à projets a été l’occasion de passer à l’action.
Notre première salariée était aide-soignante, avec une grande ancienneté, dans un EHPAD. Elle allait, résignée, vers une inaptitude. Comme un poste d’accueil se libérait dans la même structure, nous avons envisagé ensemble une reconversion professionnelle. Après une formation en accueil et en informatique, elle occupe à présent ce poste. Elle a pu rester « utile » et au contact des résidents, comme elle le souhaitait. Elle est épanouie dans son nouveau métier et c’est aussi un vrai bénéfice pour la structure, qui maintient dans l’emploi une salariée appréciée, qui connaît déjà l’équipe et son fonctionnement.
Notre deuxième salariée s’occupait de la lingerie et des petits déjeuners, elle avait de nombreuses restrictions médicales. Au sein de sa structure, il y avait un besoin de renforcer l’équipe d’animation. Petit à petit, nous avons donc fait évoluer son poste, en adaptant son poste de travail à la lingerie et en la faisant travailler en binôme avec l’animateur de la structure.
Si ces deux reconversions ont été un succès, c’est parce qu’il y avait des besoins en recrutement dans chacune des structures. Idéalement, il faudrait pouvoir étudier sur chaque poste les possibilités de mobilité interne. Mais cela demande une cartographie des compétences couplée à une cartographie des restrictions médicales et des risques d’inaptitude, donc beaucoup d’anticipation.
Pour que cela fonctionne, il faut aussi que le salarié soit volontaire et véritablement acteur de sa reconversion. C’est parfois compliqué de se projeter dans un nouveau métier. D’où l’intérêt de prendre contact avec eux lors des absences longues, de pouvoir échanger, de dédramatiser et de les accompagner. Quand on arrive à l’inaptitude, c’est déjà trop tard. C’est en amont qu’il faut détecter et anticiper des solutions.
Dans cette expérience, le soutien et l’expertise d’OETH ont été essentiels. Seuls, nous n’aurions pas forcément pensé à ces reconversions ni trouvé les financements nécessaires pour les formations.
Lors des journées d’intégration de tous les nouveaux salariés, nous organisons un moment de sensibilisation, avec une approche ludique. L’objectif est de montrer que l’équipe RH est engagée, à l’aise et disposée à en parler. Avec les années, le sujet est devenu de moins en moins tabou. Nos salariés savent qu’ils ont un référent à l’écoute vers qui se tourner en cas de besoin.
Ce portrait a été réalisé à l'occasion des 30 ans de l'association OETH en 2021.