Une dynamique syndicale au service de l’inclusion

Un réseau de correspondants CFDT-OETH pour « sensibiliser, former, démystifier et changer de regard sur le handicap »
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réseau de correspondants CFDT-OETH

Le réseau des correspondants territoriaux CFDT chargés de promouvoir l'accord handicap du secteur associatif se restructure pour porter haut et fort la question du handicap dans les établissements. Sonia Testud, secrétaire fédérale Santé au travail - QVCT- Handicap - CC SPSTI à la fédération CFDT Santé-sociaux et Colette Alsafrana, présidente de l’association OETH (collège salariés, au titre de la CFDT), reviennent ensemble sur la dynamique en marche.

1/ Comment est née l’idée de relancer ce réseau pour lui donner une dimension nouvelle et étendue ?  

Sonia Testud : Ce réseau existe depuis la signature de l’Accord handicap 2016-2019. A ce moment déjà, nous étions convaincus de la pertinence du projet : créer une dynamique autour de militants engagés sur les territoires sur la question du handicap et dont l’action viendrait compléter l’engagement au niveau national. Le Covid est passé par là et a ralenti les choses. Plus récemment, avec Colette Alsafrana et David Decoutray, également administrateur CFDT, nous avons voulu réimpulser le mouvement. Nous souhaitions faire connaître au plus grand nombre cet accord spécifique, adapté au secteur, en communiquant auprès des salariés sur le terrain. Nous avons lancé un appel à candidatures dans toutes les régions puis organisé une formation qui s’est déroulée en septembre et octobre 2024. Aujourd’hui 13 correspondants composent ce réseau et interviennent sur presque tout le territoire (à l’exception de deux régions).  

2/ Quel est le profil de ces correspondants ?  

Colette Alsafrana : Ce sont des délégués syndicaux qui exercent des métiers divers dans les établissements du secteur. Certains peuvent être référents handicap dans leur structure mais c’est loin d’être la majorité car les référents sont souvent issus des directions. Ils doivent dans tous les cas travailler ensemble car ils sont très complémentaires. Le référent handicap aide les salariés sur un plan administratif, là où notre représentant est dans l’accompagnement et l’orientation de terrain vers les bons interlocuteurs. Certains ont une RQTH (Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) mais ils ne l’ont pas forcément mentionnée au début. Ils en ont parlé plus tard, avec transparence et facilité. La démarche est aussi intéressante de ce point de vue car elle libère la parole.   

3/ Comment s’est montée et structurée cette formation ?  

Colette Alsafrana : Dans un premier temps, il nous semblait essentiel de réunir ces correspondants autour d’une formation spécifique, portée et adaptée par l'association OETH. Nous souhaitions que les participants s’approprient leur rôle à partir de l’accord de Branche, qu’ils puissent le faire vivre en s’appuyant sur sa spécificité et sur la connaissance fine du secteur qu’il porte. Par ailleurs, cette formation est ludique (quiz, jeux, mises en situation…) et elle rassemble. Le handicap au travail est un sujet complexe, la formation en éclaire plusieurs facettes : le cadre législatif, les représentations, le rôle des différents acteurs au sein et en dehors de l’entreprise... Cela nous semblait nécessaire de bien asseoir ces éléments de base. A partir de là, les correspondants sont formés et outillés pour aller à la rencontre des salariés dans les entreprises par le biais des sections ou des délégués syndicaux, voire de prospecter dans les entreprises pour faire connaître l'association OETH.

4/ Comment s’est articulée la dynamique avec le programme de votre syndicat ?   

Sonia Testud : Ce projet est aussi en ligne avec notre résolution fédérale et notre ligne de conduite pour les années à venir. Notre objectif est de sensibiliser, former, démystifier et changer de regard sur le handicap. Nous avons travaillé dans ce sens avec l'association OETH, à partir de 4 objectifs : se connaître pour travailler ensemble, intégrer un parcours commun de formation, définir les missions à partir des modules (communiquer sur le handicap, sensibiliser, informer, orienter, identifier les situations…) et enfin connaître l’association (être capable de promouvoir son offre de service, identifier ses interlocuteurs, être en lien avec ses chargés de développement territoriaux). Avec l'association OETH, nous partageons une approche similaire du sujet, ce qui facilite les choses : parler de tous les handicaps, visibles, invisibles, associer les maladies chroniques, travailler sur la prévention… Après avoir suivi les différents modules de formation, les participants se sont réunis une journée dans les locaux de l'association OETH et ont pu découvrir tous les dispositifs, les aides individuelles, collectives, les services proposés par l’association pour s’en faire le relais ensuite sur le terrain. Cette journée a beaucoup fédéré : les correspondants se sont sentis pleinement intégrés à l’accord.

5/ Quel a été l’impact de cette formation ?  

Colette Alsafrana : Elle a clairement impulsé la dynamique. La nouveauté, c’est que les correspondants portent concrètement la question du handicap dans leur entreprise et on observe déjà un intérêt grandissant : des entreprises s’engagent, demandent des aides, investissent dans des politiques handicap. Les correspondants ont porté le sujet auprès des directions et des salariés, ils en ont parlé en CSE, ont animé des stands, proposé des initiatives lors d’événements comme la SEEPH (Semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap). Ils sont même allés pour certains, au-delà de l’entreprise, à la rencontre d’autres délégués syndicaux de leur région, pour faire connaître l’association. Il est important d’ailleurs de souligner que toutes ces actions sont financées en partie par l'association OETH, en partie sur le temps syndical des correspondants ou sur le temps bénévole.

6/ Quelles sont les perspectives pour ce réseau demain ?  

Sonia Testud : A la CFDT, nous souhaitons voir ce réseau perdurer et évoluer. Nous négocierons, au niveau de la Branche, la place à lui accorder. Il représente un réseau local engagé. C’est là que l’action prend tout son sens, auprès de situations réelles de travail. Nous souhaitons impulser une dynamique nationale en continuant à siéger dans les instances de l'association OETH mais nous savons aussi que c’est sur le terrain qu’il est important d’être présents. Le périmètre a aussi changé depuis 2022 : l’accord de Branche concerne aujourd’hui un million de salariés. On a une assise plus forte qui permet à l'association OETH d’être une vitrine encore plus grande.